histoire • Qui a dit que les histoires qui commençaient bien devaient se finir de la même façon ? Personne. Et sûrement pas toi. Tu n'aimes pas t'éterniser sur le sujet. Tu n'aimes pas parler de toi en fait. Alors t'essayes de faire court, réorganisant le cours des évènements dans ta tête parce quoi que tu veuilles ou fasse, il faut toujours que les souvenirs te coincent à un moment ou un autre. Souvent.
Centre Macharius, 8 mai 2985 : né d'une union prohibée et cachée de tous. L'union d'un homme et d'une femme. Quelque chose de fou, d’impensable. Une vie déjà complexe par le secret qui pèse sur votre famille. Mais aucune suspicion ne plane sur vous, tout se déroule pour le mieux du monde. T'es heureux, aimé et aimant.
année 2989 : quatre ans. Quatre ans et déjà, l'idéal bambin sage se transforme en enfant turbulent. Tes parents accusent l'école de t'avoir rendu comme ça, violent avec tes camarades, violent avec toi même. Tous les jours, des pansements trônent sur tes genoux écorchés, imbibés de sang. Tes joues sont gratinées par les chutes, tes mains ont la peau incrustée de gravillons et ton nez est rougi. Tu débordes d'une énergie incontrôlable, et une forme d'agressivité nait chez toi. Tu deviens capricieux, colérique. Instable.
année 2990 : tu hurles, tu t'égosilles mais personne t'entend. Tu en perds la voix, et un cri de frustration monte dans ta gorge esquintée. Tes petits poings martèlent la porte de ta chambre dans laquelle tu es enfermé tandis qu'un inconnu s'adresse à ton père derrière la porte. Tu n'es pas qu'instable. Tu n'es pas qu'hyperactif. Tu es un névrosé hystérique.
quelques moi plus tard : Les longs couloirs blancs, tu les vois tous les jours et tu les détestes toujours autant. Tu refuses de fouler ce carrelage qu'ils enferment et tu te laisses trainer sur le sol par ton père qui a fini par abandonner l'idée de te redresser. T'aimes pas cet endroit parce qu'il sent l'antiseptique, que les cris déchirants sont maitres de ces lieux, que ta mère n'est pas là et que tu n'as pas le droit de l'appeler. Sinon on te l'enlève pour toujours, c'est ton père qu'il l'a dit. Depuis, tu lui en veux parce que tu veux qu'elle t'accompagne aussi voir ces hommes blancs qui ont tous le même visage à tes yeux, qu'elle te prenne dans ses bras et qu'elle te rassure. Que malgré tout ça, t'es son petit garçon à elle et qu'elle t'aime pour ce que tu es. Que tu es normal, juste un peu turbulent. Mais normal. C'est pas ce que dit le monsieur de l'étage dans son grand bureau que tu visites tous les jours. Personnalité boderline.
année 2992 : Bipolaire s'ajoute à la liste.
février 2993 : Papa et maman se disputent et tu te caches sous la table à manger. Il lui hurle de partir loin, dans ce qui l'appelle les Bidonvilles. Toi, tu sais pas ce que c'est. Tu comprends pas non plus pourquoi elle n'a plus le droit de te toucher et qu'il l'agresse avec des objets pour qu'elle reste à distance. Loin de vous. Et comme un butin de guerre, tu es arraché à un camp puis à un autre. Allez, suis maman. Non, viens avec papa si tu veux vivre.
mars 2993 : la maison est scandée en deux. Le camp de maman, le camp de papa. Ils ne partagent jamais la même pièce, ni les mêmes objets. Tu crois que maman est malade, c'est ce que papa dit. Est-ce qu'elle est malade comme toi ? Tu ne sais pas. Tu passes ton temps enfermé dans ta chambre. Avant, c'était pour te canaliser, maintenant c'est pour que maman te garde dans son camp. Mais tu n'as pas le droit à une quelconque marque d'affection, même si elle te souffle qu'elle t'aime, derrière la porte. Parfois t'entend des coups. Papa la frappe avec une sorte de bâton et elle, elle tente de se jeter sur lui pour le toucher, tu le devines par les hurlements et les menaces qui te terrorisent. T'es sous ton lit, le visage écrasé contre le sol pour essayer de percevoir les mouvements et les ombres sous la porte, les mains sur tes oreilles. Et parfois, tes cris se mêlent aux leurs.
13 avril 2993 : Maman est assise dans la chambre, appuyée contre le lit. Elle se mange la peau des doigts, se bouffe les mains, faute de ne plus avoir d'ongles. Tu rampes parfois comme un chien vers elle, l'appelant doucement mais elle tourne ses yeux fous vers toi et te hurle de rester loin. Alors t'obéis, t'as l'habitude après tout. Tu ne pleures même plus à force et tu retiens un regard plein de dédain vers cette femme qui te rejette. Et qui te souffle qu'elle t'aime quand ça va. Quand ça va. Seulement, aujourd'hui, ça ne va pas. Tu le sens par cette ambiance sombre, chargée de tension. Vers la fin de l'après midi, alors que les rayons du crépuscule filtre les rideaux de la pièce, la porte d'entrée s'ouvre en bas dans un grand fracas. Et tout se passe très vite. La voix de ton père s'élève à l'égard d'autres qui semble excités. Où est-elle, où est-elle, où est-elle ? Des pas lourds, rapides, déboulent dans les escaliers et derrière toi, ta mère gémit. Tu la regardes, ses doigts déformant son visage tant ils sont crispés dessus. Ses yeux roulent du blanc, regardent partout et t'as l'impression qu'elle va s'arracher la peau. Boum. La porte explose et tu recules instinctivement tandis que ta mère se fait saigner, se labourent le visage, ses joues inondées par les larmes. Des hommes entrent, en combinaison pour éviter tout contact direct avec elle et tente de l'attraper alors qu'elle s'accroche comme une damné au pied du lit. Elle hurle, t'appelle à l'aide, prie, et toi tu ne bouges pas. Tu la regardes. Tu te tais, la considère et à ton tour, tu l'abandonnes. Regarde maman, toi aussi on va t'enfermer, toi aussi tu n'auras plus de câlins ni de bisous. Toi aussi on va te glisser tes plats sous la porte quand tu es en colère. Et on te dira que tu n'avais qu'à pas être malade. Fallait pas me laisser.
Elle tend la main vers toi, te touche, t'effleure la joue et tu tressailles sous ce contact dont tu as été privé tout ce temps. La pièce se vide, la maison aussi. Il ne reste que toi. Et l'écho des cris. Éternellement.
21 avril 2993 : ding, le décompte est fini. Tu n'es pas mort, même pas un symptôme. Tu n'es pas non plus un survivant. Ta mère a été suspectée par ton père d'avoir tué un homme en l'effleurant dans la rue pendant l'une de ses balades en parfait travesti. Mais ça n'est pas sa faute, elle ne l'a pas tué. C'est ton père qui s'est trompé. Maintenant c'est trop tard, trop tard, elle est morte. Déchéance de cet homme plein de remords.
année 3009 : tu vis seul, avec un modeste revenu que te confère tes quelques scènes dans les bars et ton salon de tatouages et piercings. T'es devenu un autre, littéralement différent, tu as laissé le côté malade te ronger un peu plus inconsciemment. Seulement, tu n'as personne à aimer, personne avec qui partager quoique soit pour déclencher les nombreuses défaillances chez toi principalement dû à l'affection. Cette falsification te donne l'impression d'être devenu normal, d'être devenu quelqu'un de bien.
Seulement, ça ne va pas durer, cette petite période idyllique avec tes deux facettes intérieurs. Le monstre va ressurgir bientôt. Pour le sauveur d'une part de ton cauchemar passé.
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| A PROPOS DE TOI • ceycey je viens de G&D moi aussi parce que partout où ira mon amant j'irai et qu'on m'y a poussé aussi un peu, voilà regardez je joue un mec viril pour une fois (oupas) sinon je vous aime (surtout toi Kurt d'amour) love sur vos faces poilus de castor adieu
& YOU ? |